mardi 5 mai 2020

L’identité controversée de Jésus

« Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en haleine ? » (Jn 10,24), demandent les auditeurs de Jésus. Ont-ils raison de poser cette question à Jésus ? L’identité de Jésus préoccupait beaucoup les Juifs et surtout les pharisiens. Elle ne faisait pas l’unanimité de ses auditeurs, mais aussi de ceux qui écoutaient la prédication des Apôtres. La Mission des évangélistes Matthieu, Marc et Luc est de répondre à cette question adressée par Jésus à ses disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16, 15 ; Mc 7, 28-30 ; Lc 9, 20). Avant la mort et la résurrection de Jésus, il s'agit pour les disciples de reconnaître en lui le Fils de Dieu, le Messie. C'est Pierre qui est le premier à confesser Jésus comme étant le Christ. Cette confession de foi n'est pas une connaissance qui lui aurait été donnée d'acquérir à travers ses lectures, mais l’expression de sa foi illuminée par l’Esprit Saint en cet homme qu’il trouve être le Christ.

De l’autre côté, l’évangéliste Jean, à la lumière de la résurrection, tente de donner une réponse qui dépasse toutes les mesures de ceux qui cherchent à cerner identité de Jésus. Ce dernier n’est ni un prophète, ni un thaumaturge. Il est « la lumière » (Jn 8,12), Il est « le Bon Berger » qui reconnaît ses brebis et que ses brebis reconnaissent (Jn 10, 14). Il est « la porte » (Jn 10,7) qui s’ouvre pour conduire ceux qui croiront dans le Royaume de son Père. Mais il y a une condition : il faut être une de ses « brebis ». Aux Juifs embarrassés par son identité, le Christ peut leur dire : « vous ne croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis » (Jn 10,26). Le Christ inverse ici la logique du « voir » pour « croire » au « croire » pour « voir ».

Avant le dernier chapitre de son évangile, l’évangéliste Jean réajuste à ce titre le doute de Thomas qui réclame encore : « Si je ne vois pas (...), non je ne croirai pas » (Jn20,25). Alors devant Jésus ressuscité, Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29).

Comment sont alors caractérisées les brebis du Christ ? La réponse à cette question se trouve dans quelques quatre critères déterminants : 1-« le croire » : un cœur qui croit ; 2- « l’écoute » : « Mes brebis écoutent ma voix» ; 3- être connu par le Christ ; et enfin 4- être à la suite de Jésus (Jn 10,27).
  
La foi est donc l’élément essentiel pour être compté parmi les brebis du Seigneur. On peut alors se demander : qu’est-ce que la foi ? L’auteur de l’épitre aux Hébreux nous en donne le sens : « La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi. Grâce à la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, et donc ce qui est visible n’a pas son origine dans ce qui apparaît au regard » ( He 11, 1-3). L’auteur de l’épitre ajoute : « sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu ; car, pour s’avancer vers lui, il faut croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. »
Ces caractéristiques que présente l’auteur de l’épitre au Hébreux présupposent que ceux qui ont la foi écoutent la voix du Christ, ils sont vraiment humbles et pourtant fermes. C’est au nom de cette fermeté qu’ils suivent le bon Pasteur et ne prêtent pas l’oreille aux faux pasteurs : « Mes brebis me suivent, dit encore le Christ. En effet, les croyants, par la grâce divine, suivent les pas du Christ. Ils n'obéissent pas aux préceptes de la Loi, qui n'étaient que des figures, mais, en suivant par la grâce les préceptes du Christ, ils s'élèveront jusqu'à sa hauteur, conformément à leur vocation de fils de Dieu. Quand le Christ monte au ciel, ils le suivent jusque-là. »[1]

En cette période où la volonté du gouvernement est de sortir du confinement ce 11 mai, l’inquiétude se mêle au doute d’une possible deuxième vague de contamination. Quel doit être le rôle du chrétien dans ce climat d’incertitude devant le futur ? N’est-ce pas la confiance ? En ce mois de Marie, confions-nous à celle qui a dit : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38).

Nous pouvons accompagner cette méditation avec ce chant à Marie : Regarde l’étoile ! (cliquer ici pour l’écouter)

Si le vent des tentations s'élève, si tu heurtes le rocher des épreuves.
Si les flots de l'ambition t'entraînent, si l'orage des passions se déchaîne :

R. Regarde l’étoile, invoque Marie, si tu la suis, tu ne crains rien !
Regarde l’étoile, invoque Marie, elle te conduit sur le chemin ! 

Dans l'angoisse et les périls, le doute, quand la nuit du désespoir te recouvre.
Si devant la gravité de tes fautes la pensée du jugement te tourmente : R.

Si ton âme est envahie de colère, jalousie et trahison te submergent.
Si ton cœur est englouti dans le gouffre, emporté par les courants de tristesse : R.

Elle se lève sur la mer, elle éclaire, son éclat et ses rayons illuminent.
Sa lumière resplendit sur la terre, dans les cieux et jusqu'au fond des abîmes.

CODA
Si tu la suis, tu ne dévies pas, si tu la pries, tu ne faiblis pas.
Tu ne crains rien, elle est avec toi, et jusqu’au port, elle te guidera.

Abbé Marc Matondo
Presbytère de Nay



[1] Saint Cyrille d'Alexandrie, Commentaire sur l'évangile de Jean, 7, 10, 26, PG 74, 20.

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