mardi 12 mai 2020

La paix dans sa double dimension horizontale et verticale

Christ bénissant (icône copte)
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne … » ( Jn 14, 27), dit Jésus à ses disciples.
L’aspiration à la paix est une donnée inscrite en tout homme. Toutes les nations du monde se donnent des moyens de prévenir une éventuelle mise en cause de la paix. Les pays s’équipent en armement les plus sophistiqués comme garantie de stabilité politique et de paix. Cependant, malgré l’armement de pointe dont disposent les états et l’ONU, la recherche de la paix, dans beaucoup de pays, semble une quête difficile à atteindre. Plusieurs cas de tension, de conflits, de crises politico-militaires et de guerres sont cités tous les jours dans quelques parties de la planète. La terre aura-t-elle un jour la paix ? Ou peut-on dire que l’absence de la guerre est-elle synonyme de la paix ? De quelle paix le Christ nous donne-t-il la promesse ?

Dans ce verset de l’évangile de Jean (Jn 14, 27), le Christ emploie deux verbes qui nous semblent capitaux pour la compréhension de la « paix » qu’il apporte au monde : les verbes « laisser » et « donner ». Ces deux verbes complémentaires expriment l’action de Dieu au milieu de son peuple et dans le monde. En effet, le verbe « laisser » semble exprimer la dimension horizontale de la paix. Le Christ en venant dans ce monde, nous apporte la paix céleste qu’il nous enjoint de vivre sous la motion du Saint esprit. C’est pourquoi, sa paix doit se transmettre comme un héritage culturel de génération en génération afin de faire advenir le règne de Dieu sur la terre (Mt 6, 10), mais aussi de bénéficier de l’identité de fils de Dieu par adoption : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9).

Le verbe « donner » quant à lui semble exprimer la dimension verticale de la paix. La paix transmise au niveau horizontal n’est pas n’importe quelle paix ; c’est la Paix de Dieu. C’est lui-même qui se donne en nous en signe de paix. Ceci pour accomplir la promesse qu’il a faite au monde à travers le peuple d’Israël : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse … Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! … son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (Is 9, 1-6).

La présence du Christ dans le monde est le signe de la proximité de Dieu au monde, un monde jadis dominé par la tristesse et la division, la haine, les pleurs, les guerres et aujourd’hui le Covid-19. En donnant sa vie sur la croix, il s’offre comme offrande parfaite de paix. En ce sens, la paix devient un don de Dieu à l’homme. Pour être héritier de ce don, il faut être habité par la force de l’Esprit saint. De facto, le pape Benoît XVI appelle l’homme a intégrer la culture de la paix comme une mise en œuvre de la volonté de Dieu : « La paix concerne l’intégrité de la personne humaine et appelle l’implication de tout l’homme. C’est la paix avec Dieu, en vivant selon sa volonté. C’est la paix intérieure avec soi-même et la paix extérieure avec le prochain et avec toute la création. [1] »

Il importe donc à nous chrétiens d’intérioriser les deux dimensions de la paix et de l’appliquer d’abord à soi-même ; parce que celui qui ne fait pas la paix avec sa propre conscience ne peut pas aussitôt faire la paix avec autrui. Or Dieu nous parle au plus profond de notre conscience et nous invite à écouter sa voix. En tant que disciples missionnaires du pays de Nay, nous devons œuvrer à « la construction d’un vivre-ensemble fondé sur la vérité, sur la liberté, sur l’amour et sur la justice. La négation de ce qu’est la véritable nature de l’être humain, en ses dimensions essentielles, en sa capacité intrinsèque de connaître le vrai et le bien et, en définitive, Dieu lui-même, met en danger la construction de la paix. »[2]

In fine, affirmons avec le Pape Benoît XVI que pour devenir un authentique artisan de paix, « l’attention à la dimension transcendante est fondamentale comme l’est le dialogue constant avec Dieu, Père miséricordieux, dialogue dans lequel on implore la rédemption que nous a obtenue son Fils Unique. Ainsi l’homme peut vaincre ce germe d’affaiblissement et de négation de la paix qu’est le péché en toutes ses formes : égoïsme et violence, avidité et volonté de puissance et de domination, intolérance, haine et structures injustes. »[3]

Poursuivons notre méditation avec ce chant : « Pour un monde nouveau, pour un monde d’amour, et que viennent les jours de justice et de paix ! » (cliquer ici pour l'écouter).

Abbé Marc Matondo
Presbytère de Nay


[1] Pape BENOÎT XVI, Message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix 1er janvier 2013, §.3.
[2]   Ibid.
[3] Ibid.

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