mardi 19 mai 2020

Le jugement du prince de ce monde !

« Quand il viendra, il établira la culpabilité du monde en matière de péché, […]. En matière de jugement, puisque déjà le prince de ce monde est jugé », disait Jésus à ses disciples. 
Qui est le prince de ce monde et comment est-il jugé ? Qui sont ses serviteurs ?

Le quatrième évangile emploie trois termes, comme les synoptiques, pour désigner le diable. Il s’agit bien de : prince de ce monde, Satan et diable. À la différence des synoptiques qui emploient les trois termes pour exprimer l’opposition à la fois entre Jésus et Satan, et Satan et les humains, Jean de son côté emploie uniquement le titre de prince de ce monde pour désigner l’opposition entre Jésus et Satan. Les deux autres titres, les réservant pour désigner l’opposition entre les disciples ou les hommes et Satan.


Dans l’évangile de ce jour, Jésus dit que le prince de ce monde a déjà été jugé. Cette affirmation de Jésus extraite du second discours d’adieu a pour rôle d’apaiser les disciples. Dans le premier discours d’adieu, le Christ affirme qu’il ne parlera plus assez avec ses disciples car le prince de ce monde vient (Jn 14, 30). On peut se demander : d’où vient-il ? Où était-il et pourquoi vient-il ?

Ces questions trouvent leur sens dans la compréhension des tentations de Jésus après son baptême dans le Jourdain. Matthieu et Luc développent trois tentations (Mt 4, 3- 10 ; Lc 4, 2- 12) que Marc se contente de survoler (Mc 1, 13). Jean de son côté ne parle pas des trois tentations, mais retient plutôt la conclusion de Luc après les trois tentations : « Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé » (Lc 4, 13).

Jean place la tentation de Jésus au moment de recevoir le baptême de sang : « Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez » (Jn 14, 29) Les deux verbes « qu’elles n’arrivent » et « lorsqu’elles arriveront » n’ont pas de sujet exprimés et montrent le côté mystérieux des choses à venir[1]. Les deux sujets sous-entendent les événements liés à l’heure de Jésus. Ainsi dira-t-il : « Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise » ( Jn 14, 30). Jean exprime ici l’impossibilité du prince de ce monde de faire succomber Jésus et le faire renoncer à sa mission, celle qui consiste à recevoir le baptême de sang, c’est-à-dire mourir pour le péché du monde. La mort de Jésus met fin au règne du prince de ce monde, parce qu’il meurt par amour pour son Père et pour le salut de l’homme. Le bénéfice de cette mort, c’est la résurrection et l’envoi du Paraclet qui vient juger le prince de ce monde. En ce sens, « lorsque la mort l’aura séparé de ses disciples et que ceux-ci poursuivront leur chemin dans le temps, il ne leur sautera nullement aux yeux que le monde est condamné et son Prince rejeté au néant. Il y faudra le Paraclet, qui fera paraître aux yeux de la foi que le principe du mal, destructeur et clos, qui semble continuer à régir l'humanité, a bien subi dans la mort de Jésus cette condamnation qui l’anéantit »[2].

L’amour est donc le juge du prince de ce monde et celui qui le condamne. Ainsi, ceux qui ne pratiquent pas l’amour deviennent complices du prince de ce monde. Ce dernier se sert d’eux pour étendre son règne dans le monde. Il exerce une forte influence sur les idéaux, les philosophies, l’éducation, les fausses religions, les opinions, les objectifs, les espoirs et les désespoirs de ceux qui manquent de foi.  

Gardons l’espoir en s’attachant aux valeurs de la charité et de la vérité, car le Christ est la Vérité et l’Amour en personne. En lui, nous avons le pouvoir de juger le prince de ce monde, « car voici le temps du jugement : il commence par la famille de Dieu. Or, s’il vient d’abord sur nous, quelle sera la fin de ceux qui refusent d’obéir à l’Évangile de Dieu ? Et, si le juste est sauvé à grand-peine, l’impie, le pécheur, où va-t-il se montrer ? Ainsi, ceux qui souffrent en faisant la volonté de Dieu, qu’ils confient leurs âmes au Créateur fidèle, en faisant le bien » (1P 4, 17-19).

La vérité ne sort-elle pas de la bouche des enfants ? Alors écoutons : 


Abbé Marc Matondo
Presbytère de Nay



[1] SEVRIN, J.M. 1992. Le prince de monde. La fonction christologique du diable dans le quatrième évangile. In : Figures du démoniaque, hier et aujourd’hui, Bruxelles, PUF, p. 70.
[2] Ibid.

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