Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples |
L’évangélisation obéit au mandat missionnaire de Jésus : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20a). Allez donc ! C’est l’heure du départ des disciples. Le commandement du Seigneur porte moins sur la transmission d’une doctrine que sur la création d’un contact personnel avec le seul Maître. Au fond, ce commandement demande aux disciples de renouveler l’appel qui bouleversa leur vie au début du ministère de Jésus : lancer l’invitation à le suivre. Les moyens pour obtenir ce contact personnel avec le Seigneur étant le baptême et la Parole de Dieu.
Pour le Saint Père, l’Eglise est appelée à prendre toujours davantage conscience qu’elle est « la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie pénible » et pécheresse (Evangelii gaudium, 47) ; d’être une Eglise qui sort en permanence, « communauté évangélisatrice […] qui sait prendre sans peur l’initiative, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux carrefours des routes pour inviter les exclus » (ibid, 24). Voilà ce qu’il propose comme horizon de référence pour l’avenir immédiat, un binôme que l’on pourrait formuler ainsi : « Eglise en sortie – laïcat en sortie ». Il s’agit pour l’Eglise d’élever son regard et regarder « dehors », regarder tous ceux qui sont « loin » dans notre monde, toutes les familles en difficulté et qui ont besoin d’être soutenues, accompagnées, tous les champs d’apostolats encore inexplorés…
La question pourrait être ainsi libellée : comment traduire dans les faits, et en période de confinement l’invitation du Christ et celle du Pape François. Comment être cette Église en sortie qui, selon les mots mêmes du Pape argentin : « est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent » (EG, 24). Il est heureux de voir la pluralité de ces initiatives qui en cette période de crise mondiale, continuent de témoigner de cette Eglise toujours en sortie. Pendant cette période de confinement nos églises restent ouvertes pour la prière personnelle. Quand tout ferme, les églises, elles, restent ouvertes. L’Eglise en « sortie » est d’abord une Eglise aux portes ouvertes (EG, 46). Même si les fidèles ne peuvent pas s’y rassembler en groupe pour une liturgie communautaire, les messes de semaine comme les messes dominicales célébrées par les prêtres, en solitude, le sont dans cette dynamique de sortir de soi pour aller à la rencontre de l’autre, des autres. Les prêtres portent dans leur prière les fidèles et n’oublient pas toutes leurs intentions. Les fidèles eux aussi portent dans leur prière leurs pasteurs. Evidemment la prière, elle, n’a pas de limite. Elle ne peut être confinée par quoique ce soit, ni même pas par le Covid19.
L’Eglise cherche à garder le lien avec les fidèles en cette période de confinement où tout rassemblement est suspendu. Elle partage la souffrance et la douleur de celles et ceux qui ne peuvent plus participer physiquement à l’Eucharistie, et qui par ce fait même, se contentent de la communion spirituelle. Comment ne pas rendre grâce pour ces chaînes de solidarité, de fraternité qui permettent de maintenir le lien et de favoriser la circulation de la vie de cette Eglise toujours en sortie. Que de chaînes YouTube, de blogs, de pages dédiées sur les sites internet des diocèses, des paroisses, des sanctuaires, des communautés religieuses qui redisent la communion spirituelle au-delà des limites et des frontières artificielles. Tout cela n’a qu’un seul but : que la vie de Dieu continue de circuler malgré le confinement. Que les fidèles puissent continuer à prier chez eux, à méditer chez eux la Parole de Dieu, personnellement et en famille (église domestique), à sortir de soi pour aller à la rencontre de l’autre par les moyens de la technologie.
Ici aussi, se réalise cette conversion pastorale, personnelle et communautaire qui pousse à aller à la rencontre de la vie et des diverses périphéries. Cela suppose : un changement d’attitude pour dépasser les blocages (même technologique), une attention aux différents appels de la vie autour de nous. Ces cris viennent des périphéries : solitudes des personnes, des personnes âgées qui vivent seules, souffrances liées à un deuil en ce temps de confinement, à des ruptures familiales, sociales… Un seul appel d’un pasteur à un fidèle peut bien faire revivre. Là, nous rencontrons une richesse cachée aux yeux du monde.
Nous continuons de supplier le Seigneur de nous protéger et de nous débarrasser de ce fléau. Nous le prions par l’intercession de Marie, en particulier pour les malades, pour les personnes fragiles, pour les soignants dont nous admirons le courage, pour les chercheurs afin qu’un vaccin soit trouvé. N’oublions pas de le supplier pour l’Eglise, pour qu’elle continue d’être en sortie, témoin de l’espérance dans notre humanité bien éprouvée.
Père Sylvain DANSOU, scj,
Communauté Notre-Dame - Lestelle-Bétharram
et Presbytère d'Asson
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