mardi 28 avril 2020

Du signe à l’intelligence du signe

Icône du Saint Sacrement
Eucharistique (Alain Chenal, 1994)
« Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? »

Dans l’Évangile de dimanche, nous avons compris comment Jésus a ouvert les yeux des deux disciples d’Emmaüs à l’intelligence des Écritures. Dans le commentaire publié sur notre blog, notre curé du Pôle missionnaire du Pays de Nay voit à juste titre que c’est la catéchèse de Jésus qui fait passer ces deux disciples à « une compréhension nouvelle des Écritures ». C’est donc Jésus lui-même, à travers l’Esprit Saint qui est le véritable catéchiste de l’homme.

De même que les disciples de Jésus n’avaient pas encore la clef d’interprétation des Écritures avant la résurrection du Christ, de même la foule qui écoutait Jésus ne savait pas qui il était réellement. Dans l’Évangile de ce jour (Jn 6, 30-35), l’échange entre Jésus et la foule au sujet de l’origine de la manne qui a rassasié les Juifs épuisés par la faim et la soif de la marche à travers le désert est ici un exemple de grande classe catéchétique. La foule parle ici du pain venu du ciel, mais Jésus dit qu’elle ne vient pas du ciel. Pourtant les Écritures le disent. Il fallait que Jésus leur donne la clef d’interprétation de cet événement historique extraordinaire, non pas pour contredire l’Écriture, mais pour lui en donner la finalité.

En effet, le Christ dit à la foule que « Ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain » (Jn 6,32). Il veut pour ainsi dire que : « Moïse ne vous a pas donné le vrai pain, mais tout ce qui s'est passé alors était la figure de ce qui arrive aujourd'hui.[1] » Moïse étant la figure de Dieu, ne pouvait procurer aux Israélites du pain venu du ciel. Or derrière cette figure se trouve la vraie image, le Christ, le vrai pain descendu du ciel. Étant descendu du ciel, Il est la vraie nourriture et le pain véritable, « non que la manne eût été une chose trompeuse, mais parce que cette figure était aussi une ombre, non la réalité même.[2] »

Ainsi dira Théophylacte que Jésus est le pain qui est Vie par nature, « du fait qu'il est le Fils du Père vivant, il accomplit l'œuvre qui lui est propre, car il vivifie tout. Comme le pain qui vient de la terre conserve la fragile substance de notre chair et prévient sa destruction, de même le Christ, lui aussi, vivifie l'âme par l'action de l'Esprit, et en outre il préserve le corps même en vue de son incorruptibilité. Car le Christ a fait don à l'humanité de la résurrection d'entre les morts et de l'immortalité des corps.[3] »

Pour nous délivrer de la mort, il a fallu mourir de notre mort pour que la mort perde son aiguillon. Jésus reste trois jours dans le tombeau dans une passivité totale par obéissance à son Père. Le Fils du Père est mort ! Les juifs ont demandé un signe à Jésus (Jn 6, 30) et lui-même leur dit que de signe, il ne leur sera donné d’autre que celui de Jonas ( cf. Mt 12, 38-42 ; Lc 11, 29-32). En effet, Jonas est resté trois jours dans le ventre du monstre marin dans la passivité totale.

Nous aussi, nous allons bientôt passer trois mois symboliques (Mars, Avril, Mai) dans le confinement et pour beaucoup dans une passivité liturgique. Au moment où nous entendons se profiler le déconfinement, on peut nous demander : Quel signe donnerez-vous pour montrer que vous avez gardé la flamme de vie chrétienne ? Le signe est là qu’avec le confinement, les rassemblements physiques ont été interdits, les églises fermées, mais les cœurs étaient en union spirituelle à travers la communion spirituelle. Par amour pour les frères et sœurs, les chrétiens sont restés passifs devant la télé, la radio et l’internet à se contenter de la communion spirituelle. Enfin le confinement a ouvert des réseaux d’entraide et de charité qu’on ne fructifiait plus. D’où la poussée des bénévoles pour la fabrication des masques. Dieu n’est-il pas Grand ? N’est-il pas beau à contempler à travers sa sagesse et ses créatures comme ce beau chant de Patrick Richard sur le Psaume de la création (cliquer ici pour l’écouter) ?

« Je veux crier mon Dieu ! Tu es grand, Tu es beau, … » :

1. « Par les cieux devant Toi, splendeur et majesté,
Par l’infiniment grand, par l’infiniment petit,
Et par le firmament, Ton manteau étoilé,
Et par frère Soleil…

Refrain :
Je veux crier mon Dieu ! Tu es grand, Tu es beau,
Dieu vivant, Dieu très haut, Tu es le Dieu d'amour !
Mon Dieu, Tu es grand, Tu es beau, Dieu vivant,
Dieu très haut, Dieu présent en toute création.

2Par tous les océans et par toutes les mers,
Par tous les continents et par l'eau des rivières,
Par le feu qui Te dit comme un buisson ardent
Et par l'aile du vent... Refrain


3Par toutes les montagnes et toutes les vallées,
Par l'ombre des forêts et par les fleurs des champs,
Par les bourgeons des arbres et l'herbe des prairies,
Par le blé en épis... Refrain


4Par tous les animaux de la terre et de l'eau,
Par le chant des oiseaux, par le chant de la vie,
Par l'homme que Tu fis juste moins grand que Toi
Et par tous ses enfants... Refrain


5Par cette main tendue qui invite à la danse,
Par ce baiser jailli d'un élan d'espérance,
Par ce regard d'amour qui relève et réchauffe,
Par le pain et le vin... » Refrain

Abbé Marc MATONDO
Presbytère de Nay


[1] Théophylacte (+1109), Homiliaire patristique, PG 123.
[2] Ibid.
[3] Ibid.

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