Il y a là un jeune garçon…

« Un miracle est un fait extraordinaire qui a pour but de propager un enseignement ¹ ». C’est ainsi que le miracle de la multiplication des pains annonce la Sainte Cène et le miracle eucharistique de la Sainte Messe. L’événement que nous rappelle l’Évangile de ce jour (Jn 6, 1-15) met en scène plusieurs personnages. L’un d’entre eux, dont seul St Jean fait mention, retient mon attention. Il s’agit du jeune garçon. Il me plaît à voir en lui une préfiguration du diacre au service de la liturgie eucharistique ².

À l’autel, le diacre ne joue pas un simple rôle de figurant, mais ses gestes et ses paroles prolongent la participation de l’assemblée des fidèles que vous constituez, chers paroissiens. 

« Un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ». C’est le diacre qui collecte vos offrandes rassemblées dans le pain et le vin apportés en procession à l’autel. Il se fait votre porte-parole en invoquant cette si belle prière : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ». Cette goutte d’eau qui tombe dans le calice est lourde de toutes nos intentions de prières. Puis il tend la patène au prêtre : « Alors Jésus prit les pains ». Ce geste est lourd de toutes nos vies, de notre humanité pécheresse que nous offrons à notre Dieu plein de miséricorde, de nos actions de grâce aussi.

Ce jeune garçon est ensuite témoin de la multiplication des pains. Il est là tout près de Jésus, son regard tendu vers le visage de Jésus qui, « après avoir rendu grâce », réalise le miracle. Comme le jeune garçon, le diacre est, pour vous tous, témoin du miracle eucharistique, de la transformation du pain en corps et du vin en sang de Jésus, et « son témoignage est vrai » (Jn21,24). En levant le calice à la doxologie finale (« Par Lui, avec Lui et en Lui, … »), et par son silence, le diacre vous renvoie l’image du Christ serviteur qui livre sa vie en donnant son sang pour l’amour de tout homme et « n’ouvre pas la bouche » (Is 53, 7).

Puis, ce jeune garçon a très vraisemblablement participé à la distribution des pains et des poissons : « il les donna aux convives ». C’est ainsi que le diacre revient vers vous pour distribuer le corps du Christ multiplié pour la multitude.

Enfin, il rapporte les saintes espèces au tabernacle : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde », demande Jésus.

Comme le jeune garçon debout entre Jésus et la foule qui le suivait, le diacre est tendu entre le sacerdoce commun des fidèles et le ministère sacerdotal du prêtre. C’est sa place, c’est son rôle, c’est son service, c’est sa joie !

Mais aujourd’hui, la plupart des diacres en sont privés, tout comme d’ailleurs vous êtes privés de l’eucharistie. Certes, nous pouvons vivre ces réalités ecclésiales en esprit. Mais chers paroissiens, portons-nous dans la prière en ces jours de privation. Confions notre Église, ses évêques, ses prêtres et ses diacres, en restant dans l’espérance puisque « la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle » (Mt 16, 18).

Aussi je vous invite à prier avec ferveur pour les vocations religieuses et sacerdotales, et pour la notre, afin d'entendre le projet d'amour de Dieu sur chacun de nous. Malgré les circonstances actuelles, la Journée Mondiale des Vocations aura bien lieu dimanche 3 mai 2020, mais évidemment selon des modalités assez spéciales ! Afin de lui donner toute sa signification ecclésiale, l’Église de France propose une neuvaine de prière de préparation du 24 avril (ce jour !) au 2 mai 2020 dont vous trouverez tous les détails sur le site national de la Pastorale des Jeunes et des Vocations (cliquer ici).

Merci pour votre prière et pour notre communion !

Thierry Mateille

Diacre permanent

¹ Lanza del Vasto. 2015. Commentaire de l’Évangile. DDB, 616 pp.

² Le diacre (diakonos = serviteur) est configuré au Christ serviteur. Il est au service du peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la Parole et de la charité en communion avec l’évêque et son presbytérium.