"Vous êtes le sel de la terre, [...] vous êtes la lumière du monde" |
La vie chrétienne ordinaire est synchronisée par des pratiques de nature spirituelle et humaine où chacun à travers des droits et devoirs réalise la plénitude du corps du Christ en ce monde. « Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique. » GS 4, § 1.
Depuis décembre 2019, l’humanité traverse une crise sanitaire sans précédente et l’Église, comme une Mère, reste présente aux côtés de tous ses fils et filles accablés et terrassés par la pandémie du Covid-19. Faut-il penser comme Édith Stein qu’il « fallait qu’une fois les larmes trouvent leur compte. Si le Seigneur avait pleuré sur la mort de Lazare, ne devais-tu pas, Marie, toi aussi, pleurer, après tout ce qui était arrivé ? »
Comme Marie au pied de la Croix, l’Église ne désespère pas. Elle pleure dans la prière et croit que des solutions vont être trouvées. Toute l’Église prie. La prière dite dans le confinement et dans un élan de foi, au nom de Jésus, est écoutée et exaucée par Dieu : « Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée… et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6, 6)
Au pied de la croix, au Calvaire, Jésus confiait son disciple à sa Mère. Par ce disciple, c’est toute l’Église qu’Il confiait à sa Mère. En ce temps difficile, l’Église, avec l’aide de Marie, confie ses enfants à la Trinité Sainte pour qu’ils découvrent les bienfaits de la solidarité humaine et que la charité apostolique jaillisse comme un printemps nouveau. En même temps, elle s’efforce de scruter « les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. » (GS 4, § 1).
La situation actuelle de la pandémie du Coronavirus bloque et paralyse tous les systèmes sociaux et impose un mode de vie où l’Église comme les autres sociétés sont obligées d’adopter un fonctionnement particulier. Dans cette perspective, chaque chrétien est appelé à adapter sa vie en fonction des situations socio-politiques, économiques et spirituelles du moment afin que la main de Dieu continue de guider son Église.
Cette situation arrive au moment même où l’homme croît maîtriser la nature et dominer l’univers. Devant le refus de la foi et la proclamation des sociétés sans Dieu, l’homme doit prendre conscience que le monde n’est pas créé par lui et que lui aussi est créature. Il a reçu ce monde comme un don, tout comme les chrétiens ont reçu le don de l’Esprit-Saint pour vivre dans ce monde comme le sel de la terre et la lumière du monde (Mt 5, 13-16). Voilà pourquoi, tout chrétien doit croire que « le Christ, mort et ressuscité pour tous, offre à l’homme, par son Esprit, lumière et forces pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation. » (GS 10, § 2).
Le combat contre le Coronavirus est réel et mobilise toutes les forces mondiales. Ce virus ne fait pas de distinction de continent, de religion, de classe sociale, de famille politique ou de tranche d’âge (même s’il s’attaque plus aux personnes les plus âgées et les plus vulnérables, il fait peur à tout le monde…) ou de couleur de peau. Il donne une leçon que ce monde appartient à Dieu et il est temps d’équilibrer notre action dans le monde comme le soulignaient déjà les Pères conciliaires : « En vérité, les déséquilibres qui travaillent le monde moderne sont liés à un déséquilibre plus fondamental qui prend racine dans le cœur même de l’homme… Néanmoins, le nombre croît de ceux qui, face à l’évolution présente du monde, se posent les questions les plus fondamentales ou les perçoivent avec une acuité nouvelle. Qu’est-ce que l’homme ? Que signifient la souffrance, le mal, la mort, qui subsistent malgré tant de progrès ? À quoi bon ces victoires payées d’un si grand prix ? Que peut apporter l’homme à la société ? Que peut-il en attendre ? Qu’adviendra-t-il après cette vie ? » (GS 10, § 1).
Ces nombreuses questions que se sont posées les Pères du Concile Vatican II peuvent nous aider à faire un examen de conscience pour notre monde d’aujourd’hui et notre propre relation avec le Seigneur. Que doit-on faire ou que fait-on déjà, en tant que sel de la terre et lumière du monde, pour attirer le monde vers le Christ ?
En tant que disciples missionnaires du Pôle Missionnaire du pays de Nay, nous avons l’impérieuse mission de nous lever pour lutter contre le péché. Ici, le véritable péché à combattre est celui qui consiste à refuser « souvent de reconnaître Dieu comme son principe » (GS 13, § 1). Celui qui pense à l’harmonie du monde sans Dieu, ne pense qu’à lui-même, puisque même s’il pense que c’est pour le bien de l’homme, il ramène tout à lui. Par contre, celui qui pense à l’harmonie du monde en pensant Dieu se fait juste un intendant à qui Dieu confie une mine * dans le seul but qu’il la fasse fructifier (Lc 19, 11-27).
Abbé Marc MATONDO - Presbytère de Nay
Notes :
GS : Constitution pastorale « Gaudium et spes » (Les joies et les espoirs) sur ‘l’Eglise dans le monde de ce temps’ (1965), du Concile Vatican II* : du temps de Jésus, une mine est l’équivalent d’une pièce d’or. Le sens de la parabole donne à comprendre que les dons que Dieu nous fait, sont à faire fructifier.
1 commentaire:
Bonjour Père Marc
Merci pour ce très beau texte instructif.bonne journée
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