Paris, le 18 mars 2020
COVID-19 : Message des
évêques de France aux catholiques et à tous nos concitoyens
L’ensemble des évêques
de France invitent les Français à un geste commun le mercredi 25
mars prochain. Les catholiques lui donneront une signification
particulière en raison de la fête de l’Annonciation, mais tout le
monde peut s’y joindre : déposer une bougie sur sa fenêtre
au moment où les cloches sonneront sera une marque de communion de
pensée et de prière avec les défunts, les malades et leurs
proches, avec tous les soignants et tous ceux qui rendent possible la
vie de notre pays. Ce sera aussi l’expression de notre désir que
la sortie de l’épidémie nous trouve plus déterminés aux
changements de mode de vie que nous savons nécessaires depuis des
années. Nous, catholiques, demanderons en même temps à la Vierge
Marie de remplir nos cœurs de foi, d’espérance
et de charité
en ces temps et de nous obtenir la grâce de l’Esprit-Saint pour
que nous sachions trouver les gestes nécessaires.
Notre pays, avec de
nombreux autres, traverse une grande épreuve. Le chef de l’État
nous appelle à laisser de côté nos divisions et à vivre ce temps
dans la fraternité. C’est pourquoi nous avons voulu que ce message
destiné en premier lieu aux catholiques s’adresse aussi à tous
nos concitoyens sans distinction.
Nous le faisons dans un
esprit d’humilité, mais avec la certitude que la foi chrétienne a
une mission spécifique dans ce monde et qu’elle ne doit pas s’y
dérober. Nous pensons aussi à tous ceux et celles qui partagent
avec nous la foi en Dieu et la conviction qu’Il accompagne notre
vie. Nous pensons enfin à tous ceux et celles qui ne croient pas
mais souhaitent que la solidarité et l’esprit de service
s’accroissent entre les hommes.
À tous, nous disons notre
désir que notre communauté nationale sorte grandie de cette
épreuve. Depuis bien des années déjà notre humanité a
l’intuition qu’elle doit changer radicalement sa manière de
vivre. La crise écologique nous le rappelle sans cesse, mais la
détermination a fait largement défaut jusqu’ici pour prendre
ensemble les décisions qui s’imposent et pour s’y tenir. Osons
le dire, l’égoïsme, l’individualisme, la recherche du profit,
le consumérisme outrancier mettent à mal notre solidarité. Nous
avons le droit d’espérer que ce que nous vivons en ce moment
convaincra le plus grand nombre, qu’il ne faut plus différer les
changements qui s’imposent : alors, ce drame porteur d’angoisse
n’aura pas été traversé en vain.
Le mercredi 25 mars, à
19h30
Un peu partout en France,
les cloches de toutes les églises sonneront pendant dix minutes, non
pour appeler les fidèles à s’y rendre, mais pour manifester notre
fraternité et notre espoir commun.
Elles sonneront comme elles
ont sonné aux grandes heures de notre histoire, la Libération par
exemple. En réponse à ce signe d’espoir, nous invitons tous ceux
qui le voudront à allumer des bougies à leur fenêtre. Ce geste,
qui est de tradition dans la ville de Lyon, est un signe d’espérance
qui transcende les convictions particulières : celui de la lumière
qui brille dans les ténèbres !
CE QUI SUIT S’ADRESSE
MAINTENANT AUX CATHOLIQUES.
Mercredi 25 mars, nous
fêterons l’Annonciation du Seigneur. Elle eut lieu à Nazareth,
chez une jeune fille, Marie. Dans sa maison, le Ciel rencontre la
terre ; dans sa maison, le salut du monde est conçu ; dans sa
maison, une joie nouvelle apparaît, la joie de l’Évangile, une
joie pour le monde : « Car
rien n’est impossible à Dieu »
(Lc 1, 37).
Cette année, sans l’avoir
voulu, nous fêterons l’Annonciation, confinés, dans nos maisons !
Pouvons-nous célébrer cette fête plus en vérité, plus
intensément, plus en communion ?
Quand les cloches sonneront,
le 25 mars, à 19h30, que chaque disciple
de Jésus, dans sa maison, ouvre sa Bible
(ou son ordinateur) et lise, seul ou en famille, le récit de
l’Annonciation, dans l’Évangile selon saint Luc, chapitre 1,
versets 26 à 38.
Et qu’au même moment chaque
maison allume une ou plusieurs bougies, à sa fenêtre, pour dire son
espérance
et conforter celle de ses voisins.
Nous prierons en communion par
l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie en nous unissant au
chapelet récité, à Lourdes, chaque jour à 15h30. Nous demanderons
à Marie de nous protéger et de nous aider à mieux accueillir Jésus
dans nos maisons, dans nos cœurs, dans nos vies comme elle l’a
fait elle-même pour nous : « Que
tout m’advienne selon ta parole
» (Lc 1, 38) – [1re dizaine].
Nous confierons à Marie qui
devient Mère du Sauveur et qui deviendra notre Mère, nos frères et
sœurs malades, nos frères et sœurs soignants, notre communauté
humaine éprouvée. Nous lui dirons que nous voulons les aimer comme
nous aimons Jésus, « le
fruit béni de ses entrailles »
(cf. Lc 1, 42), Lui qui a pris sur lui nos souffrances et nos péchés
[2e dizaine].
[2e dizaine].
Nous pourrons aussi confier
nos craintes et nos doutes à celle qui fut toute bouleversée et
s’interrogea : «
Comment cela va-t-il se faire ? »
(Lc 1, 34). La peur d’une vie remise à Dieu, différente de celle
dont nous rêvons, rejoint la peur de la mort. Marie la connaît de
l’intérieur et nous pouvons lui dire sans cesse : « Prie
pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre
mort », comme
l’Église nous l’a appris [3e dizaine].
Enfin, poussés par l’Esprit,
nous pourrons dire à Jésus : «
Guéris-nous !»
Nous ne savons pas quelle sera la réponse sinon que, dans quelques
jours, nous fêterons la passion, la mort et la résurrection
de Jésus, le premier-né d’une multitude de frères qu’il fait
entrer dans la vie de Dieu [4e dizaine.]
[5e dizaine avec intentions
particulières].
Ouvrir sa fenêtre, allumer
une bougie est un geste de communion que nous voulons offrir à toute
la nation pour qu’elle rende hommage aux défunts, victimes du
Covid-19, et aussi à ceux qui donnent de l’espoir, soignants,
autorités mais aussi famille, amis, voisins.
C’est pourquoi nous vous
demandons de relayer ce message très largement autour de vous, par
tous les moyens autorisés à votre disposition !
LES ÉVÊQUES DE FRANCE
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